Pour ceux qui auraient raté cet instant télévisuel, il est encore assez facile de retrouver des extraits sur
Google, ou de dénicher un
torrent. Et vu que c'était en clair sur BeTV, ça aide à ne pas trop culpabiliser ceux qui seraient tenter de se lancer dans de basses oeuvres, si vous voyez ce que je veux dire...
Moi, j'ai regardé. Comme ça, parce que sur trois chaînes francophones que je capte il faut bien en choisir une, et aussi parce que le sujet est intéressant.
Mais ce qui m'a avant tout intéressé, ce sont les images que 1°) les gens se font de nous, 2°) l'on se fait des gens.
Bon, autant couper tout de suite tout suspense: ne cherchez pas toute la vérité, rien que la vérité, ce genre de documentaire, c'est comme le Prince Laurent : ça ne sait pas, ou plus, ou plus très bien. Il s'agit donc un peu d'un mélange de faits véritables, de mauvaise foi, de protectionisme américain (GM oblige...), et d'ingénierie.
Malgré que la technologie évoquée soit déjà
bien-bien dépassée, certaines hypothèses soulevées par ce documentaire sont intéressantes. De mémoire: le marché (pourquoi pas?), le lobby du pétrole (plus probable), ou gouvernemental (voir hypothèse précédente, vu que c'est à 80% - de taxes - près la même chose...).
Maintenant, ce que le film oublie un peu de dire, c'est que la Californie, c'est pas les Etats-Unis. Et les Etats-Unis, c'est pas l'Europe non plus.
En gros, dans un état où il est plus que normal que chaque foyer ait "la voiture de papa", 'la voiture de maman" et "la voiture de toute la famille", oui, une cacahouète électrique est envisageable pour l'un des deux géniteurs.
Mais en Europe, bien peu de famille ont trois voitures, ou même "rien que" deux (comme Papa). Si j'ai choisi une Corolla, c'est parce que je peux à la fois travailler (6,5 litres / 100km) et partir en vacances (5,2 litres / 100km). Et aussi me garer en ville.
Ah oui, me garer en ville... Mission impossible avec deux voitures!
Une voiture électrique qui a une autonomie comprise entre 70 et 130 kilomètres, ça veut dire : partir en vacances, s'arrêter passer la nuit à Rochefort (
"salut Pierre-Yves!"), repartir, s'arrêter à Luxembourg (sans faire le plein),... et ainsi de suite jusqu'au septième jour où l'on passera enfin le quarante-cinquième parallèle.
Secundo, les Etats-Unis sont un pays de schizophrènes automobiles.
Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la Jeep y a un essor que l'on ne voit nulle part ailleurs. Oh, ce n'est plus la caisse verte avec une étoile blanche peinte sur le capot, non, à présent c'est celle fabriquée par Daimler-Chrysler, voire même le dernier monstre de 2.700 kg qui sort de chaîne... en Autriche!
Seule concurrence rencontrée : le Hummer, mis en valeur par ses "nombreux succès" lors de la première guerre du Golfe. Il a suffi qu'un acteur de science-fiction body-buildé s'en offre un des années avant d'être gouverneur de l'état sus-cité, et hop!, les ventes ont décollé! Rien à cirer que ce camion soit un véhicule militaire, avec tout l'inconfort que cela implique : si Schwarzie en a un, alors plein d'autres gros beaufs peuvent en avoir un!
Quand on a appris que Leonardo Di Caprio et Sandra Bullock roulaient en Prius, ça n'a pas fait décoller les ventes tant que ça. Et pourtant, il n'y a ni tourelle, ni chenille sur l'hybride la plus célèbre au monde!
Depuis, et encore et toujours grâce à la même personne, la Californie a voulu faire figure d'avant-gardisme et renoncer à ses véhicules polluants. Résultat: plus de Hummer, mais des hybrides. Tout ça en moins de six mois...
Dans les années '70, la grande mode, c'était les breaks de chasse, genre de très grosses familiales avec cinq ou sept sièges, comme la voiture d'Homer Simpson. Des moteurs toujours plus gros, parfois huit cylindres, qui n'offrent pas plus de puissance qu'une Golf TDI, mais qui se montrent plus gourmands et plus inconfortables du fait d'une suspension "à l'américaine", toute molle.
Depuis, dans la plupart des pays "occidentalisés", les breaks et les sedans ont disparu, au profit du phénomène "monovolume".
Et dans un an? Quelle sera la mode?
Bref: le pays des schizos de l'auto hésite entre le "tout écolo" (la bagnole à piles dont on parle ici) ou le "blaireau tout chemins". En Europe, ce serait dur d'inculquer la même mentalité, là où la plupart des pays sont plus qu'attachés à leurs constructeurs locaux: demandez à un Français convaincu de lâcher ses mythiques Citroën, Peugeot ou Renault pour rouler soit en 4x4 de cinq mètres de long, soit en japonaise hybride... Ce serait encore pire que le Saint-Nectaire au lait pasteurisé!
Toujours à propos de ce documentaire sur BeTV: je me pose une question.
Tout au long, on entend des utilisateurs, des ingénieurs R&D, des stars d'Hollywood nous raconter leur vécu de la bête. Mais je bute un peu sur le côté écolo de la chose quand on nous apprend que cette voiture roule... avec des batteries au plomb.
En matière de recyclage, merci d'avoir joué, mais vous repasserez, les amis!
Si la voiture ne pollue pas, ne fait pas de bruit, d'odeur, rien, qu'en est-il en fin de vie? Vous en faites quoi, des batteries au plomb?
Voilà peut-être aussi une des raisons qui voudrait que l'on ait retiré toutes ces voitures avant qu'elles n'atteignent leur fin de vie: pour ne pas avoir à montrer où et comment elles ont été démantelées!
Allez, il faut quand même terminer sur un peu d'humour, là où l'on voit que décidément, Etats Unis - Europe, si l'on conduisait les mêmes voitures, nous n'aurions tout de même pas les mêmes passions. Je veux bien entendu parler de la séquence où l'on s'entend dire:
So they want us to live in a cold house,
a small car which doesn't go very far.
Basically live like an European?
N'en jetez plus, je me meurs...
